Frontière / Frontières
Limologie : étude des frontières, leur établissement et les problèmes qui lui sont liées.
Frontière : limite qui, naturellement (au sens géographique du terme) ou artificiellement, détermine l’étendue d’un territoire ou qui, par convention, sépare deux États, le terme désigne dans ses extensions – politique, juridique, linguistique… – tout point de séparation entre deux choses différentes ou opposées.
Construit à partir du mot front, dans son acception militaire, la frontière en tant que limite et tracé s’est constituée à l’issue d’affrontements, de rapports de forces entre les Etats jusqu’à la Révolution française, pendant laquelle naît l’idée de l’Etat-Nation, selon laquelle les limites étatiques doivent correspondre au territoire d’un peuple.
Sans renier ces acceptions, mais au contraire en les englobant, l’exposition Frontière(s) se propose d’explorer ce concept avec l’appui des œuvres de 4 artistes qui, chacun à sa manière, expriment les liens qu’entretient la frontière avec le dedans/dehors, le réel/imaginaire, l’humain/technologique (Pol Perez), la violence/résistance (AnnLorCodina), l’entre-deux et les espaces transitoires (Lise Bardou) et, pour autant que la frontière peut séparer, elle peut aussi réparer (repriser, dirait Philippe Poupet), réunir, jeter des ponts et des passerelles entre des espaces et des mondes, entre les peuples, à l’instar de ces espaces géographiques partagés entre plusieurs Etats, archipels de fraternité et péninsules de coopérations.
Lise Bardou / vidéo, installation
Artiste plasticienne, elle utilise principalement la vidéo, la photographie et le dessin, médiums qui lui permettent d’appréhender et de questionner les espaces transitoires ; des lieux et des paysages particuliers ; leur rythme et leur mouvement. La plupart du temps, son travail naît d’une recherche anthropologique et historique, elle évoque la question du rituel, des mythes et des croyances. Son travail est une réflexion sur l’apparition et la disparition des images et des corps, les moments de transitions, d’entre-deux, impliquant l’idée de mouvement, de déplacement, de marche, de danse et de répétition.
Son rapport à l’image se traduit par la mise en espace. L’image photographique et/ou vidéo, toujours à l’origine de sa démarche artistique, elle la modifie, l’imprime, la redessine, la projette sur différents supports apportant de la matérialité à l’image, mettant en valeur des lignes, des trajectoires, du mouvement. Découvrir son travail
AnnlorCodina / Arts plastiques
Elle entreprend des études artistiques à l’âge de 25 ans, après avoir vécu en camion, éprouvant la ville comme un terrain de jeu, choisissant le décor de son quotidien à chaque nouveau stationnement. Cette manière d’habiter le monde a insufflé à ses propositions artistiques un goût pour le mouvement, le non définitif et les possibilités de mutations, de surprises, de réversibilité qu’il contient.
Ce choix de vie puise ses ressources dans l’ingéniosité théorisée par Michel de Certeau dans L’invention du quotidien, le partage des connaissances et le précepte Doityourself, fais-le toi-même. Elle s’appuie sur l’approfondissement des pratiques open source pour la multitude de potentialités techniques et artistiques qu’elles permettent ainsi que pour leurs capacités à inventer de nouveaux modèles économiques participatifs et solidaires où les connaissances de chacun sont valorisées pour réaliser ensemble.
Son travail sonde et digère les différentes formes, les typologies variées de la violence. Elle s’empare d’archétypes tels que les armes, les munitions ou les objets liés à la sécurité et court-circuite leur fonction initiale, tactiques de résistance poétique pour désamorcer le potentiel agressif de représentations violentes en les déplaçant vers d’autres territoires plus ludiques ou festifs, où « le merveilleux flirte souvent avec le monstrueux », selon ses propres termes. Découvrir son travail
Pol Perez / Art électro-plastique
Enseignant associé à l’Université Jean-Jaurès puis aux Beaux-Arts de Toulouse, avec également des collaborations avec le GMEA (Albi), il s’intéresse aux objets techniques, ce qu’on appelle communément la technologie, et les utilise dans ses installations pour monter l’immense poids qu’ils provoquent sur notre monde. Son travail questionne notre rapport servile à cet étrange monde, qui se développe comme un organisme composite à la surface de la planète. Un monde machinique en marche qui n’attend rien ou presque de nous…
Polperez, électroplasticien, un peu homme des bois, pas mal ingénieur et quelque part déconcerté, se perd parfois entre le bruit rassurant des machines et le calme salvateur des usines abandonnées. Découvrir son travail
Philippe Poupet / Arts plastiques
Issu de l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, un temps enseignant-chercheur à Toulouse, son travail depuis des années se tourne sur le thème de la limite, de la frontière, du maillage à dessiner avec les gens alentour. Il a expérimenté son projet en Occitanie (Cajarc, Chateauroux, Montpellier, Toulouse, Bruniquel) avant de l’exporter en Amérique centrale et du Sud (Mexico, Bogota, Medellin, Cali, Barranquilla).
Exposition Repriser : « (une archéologie du sens – une façon de dessiner – à plusieurs mains)
Il s’agit de travailler à une autre manière de faire une empreinte à l’aide d’un motif très commun qui n’est pas sans rappeler une clôture entre deux propriétés, une frontière, ou bien un univers carcéral, des images d’une actualité parfois douloureuse. Cependant ce n’est pas la représentation de cette actualité qui m’intéresse, mais le fait de jouer de façon paradoxale avec un motif qui, sorti de son contexte, crée un autre maillage et motive le sens d’un travail collectif, qui viendra prendre le visiteur dans un piège abstrait.
Avec une mise en place simple, je souhaite partager cette démarche dans le but de créer une forme originale et unique, le temps d’une rencontre et d’une exposition, et dont le procédé même implique une certaine acceptation de la transmission, un certain refus des frontières… Il s’agit de créer du lien là ou habituellement se dessine une limite. Découvrir son travail